Selon Eric S. Raymond, célèbre hacker Américain, « Le hacker est celui qui apprécie le challenge intellectuel du dépassement créatif et du contournement des limitations. »
Le dépassement et le contournement capturent effectivement ce qu’il se fait au sein des hackerspaces. Dans ces espaces dédiés aux sciences et aux techniques, on détourne les matériaux technologiques de leur usage initial. On les bidouille et les modifie pour leur apporter des fonctionnalités non prévues dans leur design d’origine. Pour se faire, les adhérents échangent des connaissances et des savoir-faire à travers des ateliers, des conférences, des présentations, des activités sociales ou lors de la collaboration autour de projet d’expérimentation. Les hackerspaces mettent donc à disposition des outils pour porter à bout les expérimentations qui s’y font. Par exemple, à L’Electrolabsitué à Nanterre, on trouve des imprimantes 3D, des paillasses électroniques, des serveurs numériques, des machines à coudre, et des espaces dédiés à la biologie, la sérigraphie, ou encore la physique chimie.
Dans les consciences, le hacker est synonyme de pirate informatique. Or, l’action du hacker est faussement associée à la fonction malveillante du piratage. Cette confusion a une origine sémantique car le pirate informatique se nomme cracker en anglais. En fait, pour le hacker, pirater et saboter n’est pas une fin en soi. Ils bidouillent, ils démontent, remontent, décortiquent et expérimentent dans le but de se réapproprier la technologie qui nous entoure. A travers cette démarche, les hackerspaces visent à délivrer leurs adhérents d’une consommation passive de la technologie.
Vous l’aurez compris, ces tiers-lieux possèdent une fonction d’innovation et de transformation sociétale. D’après le sociologue français Michel Lallement, les hackerspaces peuvent être considérés comme des « laboratoires de changement social. » En effet, ces espaces revalorisent le travail et créent de nouveaux rapports professionnels. Ils sont gérés collectivement et organisés de manière horizontale, s’opposant aux contraintes de la centralisation bureaucratique. S’inscrivant dans la démarche du « faire soi-même, » les hackerspaces promeuvent l’acte de faire comme sa propre fin et non comme un moyen. Le travail, qui n’est pas associé à une récompense monétaire, devient dans ces tiers-lieux source d’épanouissement et de plaisir
Bien qu’il soit vecteur d’innovation sociétale et de changement dans notre manière de considérer le travail, le paradoxe est ancré dans l’activité technique du hacker. D’un côté, il propose une alternative à la technologie conventionnelle et démontre que les gens peuvent encore se la réapproprier. De l’autre, il renforce les capacités de celle-ci à travers ses projets d’expérimentation et de détournement.
Véritable contre-culture technologique ou contributeur à l’élargissement des fonctionnalités et des capacités de la technologie ? C’est un sujet à débat. A vous de vous faire votre propre opinion. Alors, retrouvez les hackerspaces près de chez vous sur notre carte des alternatives citoyennes !
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